La production d’électricité à base de charbon est-elle sur le point de vivre ses dernières heures ? Face aux enjeux environnementaux et au développement des énergies renouvelables, il semblerait que l’ère du charbon soit en déclin. Retour sur les raisons qui poussent de plus en plus de pays à se tourner vers des alternatives plus propres et durables pour produire leur électricité.
Le contexte environnemental et économique
Depuis plusieurs années, la lutte contre le réchauffement climatique est au cœur des préoccupations internationales. La nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour limiter la hausse des températures mondiales a conduit les gouvernements et les acteurs du secteur énergétique à repenser leurs modes de production d’électricité. Parmi les sources d’énergie les plus polluantes, le charbon occupe une place importante : selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il est responsable d’environ 40% des émissions mondiales de CO2.
Outre les considérations environnementales, le contexte économique joue également un rôle dans le déclin progressif du charbon. En effet, depuis quelques années, le coût des énergies renouvelables a fortement diminué, rendant ces dernières plus compétitives face aux sources d’énergie fossile. Ainsi, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le coût moyen mondial de production d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque a baissé de 73% entre 2010 et 2017, tandis que celui de l’éolien terrestre a diminué de 23% sur la même période.
Les politiques de sortie du charbon
Face à ces constats, de nombreux pays ont décidé d’agir en mettant en place des politiques visant à réduire, voire éliminer, la production d’électricité à base de charbon. Selon le rapport Beyond Coal publié en 2021 par les organisations non-gouvernementales Greenpeace, Sierra Club et Global Energy Monitor, 58 pays ont désormais pris des engagements concrets pour mettre fin au charbon. Parmi eux, certains ont déjà fermé toutes leurs centrales à charbon, tandis que d’autres prévoient une sortie progressive dans les années à venir.
C’est notamment le cas de l’Allemagne, qui s’est fixée comme objectif de fermer toutes ses centrales à charbon d’ici 2038 au plus tard. Le Royaume-Uni vise quant à lui une sortie du charbon d’ici 2024. D’autres pays européens ont également adopté des calendriers ambitieux : la France prévoit ainsi de fermer ses dernières centrales à charbon d’ici 2022, tandis que l’Italie et les Pays-Bas visent respectivement une sortie du charbon en 2025 et 2030.
Le développement des énergies renouvelables
La sortie progressive du charbon s’accompagne d’un développement croissant des énergies renouvelables. Selon l’AIE, la capacité mondiale de production d’électricité à partir des énergies renouvelables a augmenté de 45% en 2020, portée notamment par l’éolien et le solaire. De nombreux pays ont par ailleurs adopté des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables : la Chine, par exemple, vise une part de 20% d’énergies non fossiles dans sa consommation énergétique d’ici 2030.
Ce développement se traduit également par des investissements massifs dans les infrastructures et les technologies nécessaires pour exploiter ces sources d’énergie. Ainsi, selon l’IRENA, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint environ 300 milliards de dollars en 2020, soit près du double des investissements dans les combustibles fossiles et le nucléaire.
Les défis à relever pour une transition énergétique réussie
Malgré ces avancées encourageantes, plusieurs défis restent à relever pour assurer une transition énergétique réussie vers des sources d’électricité plus propres et durables. Parmi eux figurent la question du stockage de l’énergie produite par les sources renouvelables intermittentes, ainsi que celle du développement des réseaux électriques intelligents capables de gérer efficacement cette intermittence.
Par ailleurs, il est crucial de veiller à ce que cette transition ne se fasse pas au détriment des travailleurs du secteur du charbon, qui doivent être accompagnés dans leur reconversion professionnelle. Enfin, si la sortie du charbon est un objectif louable et nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, il ne faut pas pour autant négliger les autres sources d’émissions de GES, telles que les transports ou l’industrie, qui nécessitent également des efforts de décarbonation.
La production d’électricité à base de charbon semble donc bien amorcer son déclin, sous l’effet conjugué des enjeux environnementaux, économiques et politiques. Toutefois, cette transition vers des modes de production plus propres et durables doit être pensée de manière globale et inclusive, afin d’en maximiser les bénéfices tant pour l’environnement que pour les populations concernées.